Qu’est-ce que Maât ? (pour ceux qui veulent aller plus loin…)

Commençons par le commencement.

Mon site se nomme « Vivre en Maât ».

Que l'on comprenne bien que je ne suis ni égyptienne, ni égyptologue. Fascinée par l’Égypte, oui, mais ce n'est pas la raison de ce choix. Ce n'est pas une chaîne culturelle, ou de tourisme. Ce n'est pas une chaîne pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’Égypte, ou les passionnés de magie égyptienne, ce genre de choses.

Je ne vais pas particulièrement vous parler d’une culture ou de traditions spécifiques. Ce que j'offre à explorer s'est présenté à moi sous différentes formes, mais au final sous cette forme ci en particulier. Cela revient toujours à celle-ci. J'aurais pu vous parler de Dharma, j'aurais pu employer un langage yogique, ce que je ferais peut-être parfois. Je ne suis pas plus indienne, mais il est certain que j'ai plus étudié le yoga, les Veda, les Tantra – tout en restant une simple amatrice- que le khémitisme. Pourtant cela s'est présenté à moi de cette manière, donc c'est comme cela que je le partage. De toute façon, il faut bien comprendre, dans un monde dans lequel on parle régulièrement d'appropriation culturelle, ce que je peux parfaitement concevoir et je sais que c'est un sujet sensible, c'est qu'il y a des concepts, qui eux n'appartiennent à personne. Bien sûr, il y a des cultures et des traditions, des enseignements dans lesquels nous ne sommes que des invités, dont on ne voit que certaines facettes, dont on ne comprend pas les profondeurs lorsqu'on ne fait que visiter ce qu'il nous est permis de visiter. Bien sûr, je suis en gratitude pour ces cultures de leur accueil, et de ce qu'elles veulent bien dévoiler, mais de nouveau, à aucun moment, j'insiste, je ne me prétend spécialiste de l’Égypte, ou comprendre leurs cultes ancestraux mieux que d'autres.

En fait, on peut parler avec un langage relatif à l’Égypte, relatif aux Vedas, relatif à la Kabbale, relatif à ce qui vous parle, choisissez votre version selon vos inclinaisons, les enseignements sont toujours les mêmes. La forme change, pas le fond. Et ce fond est ce qu'on pourrait voir comme un sujet transversal, mais au delà de ça, c'est l'essence du Tout.

Et cela appartient à chacun, car nous sommes tous Cela.

Donc revenons à Maât.

Qu'est-ce que Vivre en Maât ? Lorsqu'on pense à Maât, on pense à la déesse égyptienne de la justice, de la Vérité. On peut penser aux 42 lois de Maât, du moins à leur version simplifiée facilement trouvable sur Internet, qui servaient d'incantation et d'offrande.

Maât, on la reconnaît facilement, c'est cette figure féminine coiffée d'une plume. Elle est présente à la pesée des Cœurs, lors du fameux « jugement devant Osiris », lors du passage d'un monde à l'autre. On pose notre cœur – notre conscience – sur la balance, en face de sa plume : la Loi divine.

Maât, va au delà. Maât n'est pas une déesse aux 42 lois, elle est la Loi. La Loi Divine. Le feu de Vérité. A vrai dire, il y a 2 Maâts, 2 polarités, 2 facettes de la même pièce. On parlera d'Isfet, l'énergie du désordre, du chaos, de la non vérité, de la non conscience. Une énergie que l'on peut voir partout sur Terre.

Il ne faut pas ici s'arrêter sur une vision duelle, manichéenne, une dichotomie. Tout ce qui a deux polarités n'est qu'Un. L'une ne va pas sans l'autre et chacune a son rôle à jouer. C'est l'Union des deux qui permet l'ordre cosmique, l'harmonie. Pour cela, il s'agit de canaliser Isfet en nourrissant Maât. Il s'agit de faire grandir, dans notre quotidien, cette conscience de Maât en chaque instant. De faire le choix de la Conscience Divine sur la Non Conscience.

On parle du Feu de vérité et cet élément a entièrement sens, d'un point de vue alchimique, dans cette situation. Comme le feu de Dieu de Tapas, en Sanskrit, il s'agit de retrouver cette incandescence, cette passion, cette amour fou de Dieu dans notre façon de vivre. C'est une dévotion brûlante, guerrière, qui peut rappeler la puissance de Kali, intransigeante. On ne peut vivre en Maât avec mollesse. On ne peut maintenir Isfet à sa juste place sans nourrir constamment le brasier divin en notre être. Le moindre moment d'inattention et c'est Isfet qui se propage, qui reprend les rennes. Lorsque la Conscience n'est plus là, c'est la non-conscience qui joue. Il lui suffit d’une fraction de seconde. C'est un combat intérieur qu'on ne peut jamais croire gagné.

C'était à cela notamment que les 42 Lois de Maât servaient. On les répétait plusieurs fois dans la journée, avec sens et conscience, on revenait à ce choix à faire entre la conscience et l'inconscience. Un choix qui doit se faire en chaque instant, à chaque pensée, à chaque parole, à chaque action, à chaque respiration. Maintenir une telle présence lorsque nous sommes constamment happés par l'Inconscience, lorsqu'on est constamment sous le joug de notre propre personnalité. Qui je sers, en l'instant, qui est mon maître ? L'ego ou le Divin. L'illusion que je suis cette personne incarnée, ou la conscience de Ce qui Est.

Il est important de se rappeler qu'on parle bien de valeurs divines, pas de nos valeurs personnelles, pas de l'idée que l'on se fait de la Justice, de la Vérité, de la Conscience. Le « Fou de Dieu » n'est pas un terroriste. N'est pas un fanatique religieux cristallisé sur ses valeurs, soient récupérées par l'ego, soient figées dans une conscience qui ne circule plus, une conscience sans vie.

Pourquoi la conscience égyptienne était-elle représentée par le cœur, pourquoi était-ce le cœur, qui était pesé ? Car c'est en lui qu'est la vraie place de la conscience, en lui qu'est le vraie siège de l'énergie de vie, en lui que fusionnent Shiva Shakti, Conscience/Energie, les deux polarités. C'est par lui que s'écoule la vie et sa manifestation Divine. Le Coeur, c'est le chakra central, pour reprendre des termes yogiques. Celui qui uni le ciel et la terre. Les chakras du haut et du bas. Quand on dit que Isfet et tout aussi importante que Maât, quand on dit que l'on ne rejette pas une polarité pour l'autre, mais qu'on vise l'harmonie, c'est parce que c'est en l'Union que réside la clé. On ne peut réaliser l'Unité en créant nous-même une séparation bien/pas bien.

Le choix de la conscience n'écrase pas Isfet. Le choix de Maât permet à celle-ci de prendre sa place et retrouver un équilibre qui a été perdu.

Une conscience sans cœur ne s'expérimentera que partiellement, renforçant la dualité et le déséquilibre.

De plus, et je pense à tous ceux qui ont en eux le feu de la révolution, il faut bien comprendre que ce combat « contre Isfet » est un combat intérieur. Il ne s'agit pas d'aller combattre la duperie ailleurs, à l’extérieur de soi, mais en soi. Maintenir l'équilibre et Maât en Soi demande une dévotion constante, non un éparpillement vers l'extérieur, tout en assurant que le monde extérieur se transformera au fur et à mesure que nous nous transformerons. C'est en rétablissant l'équilibre en soi que le monde extérieur le retrouvera.


Lisez les 42 Lois de Maât mais ne les lisez pas depuis l'ego, depuis les valeurs humaines. Vous lirez des préceptes telles que « je ne reviens pas sur mes engagements » « Je ne prononce pas des paroles inappropriées » « je ne suis pas en colère ». Qu'est-ce qui es approprié, qu'est-ce qui est Juste, d'un point de vue divin ? Quant à la colère, tout le monde sait qu'elle fait partie des attributs divins. Que les Maîtres se mettaient en colère. Mais il s'agissait d'une colère divine qui les traversait, se manifestait à travers eux, et qui disparaissait. Il n'y avait ni fuel personnel, ni identification, ni accroche à cette émotion. Une vague qui se contente de passer. Quant à ne pas revenir sur un engagement, si l'engagement a été pris par la personnalité, à l'encontre des lois Divines, à l'encontre de ce qui est Juste, il s'agit au contraire d'être capable de faire, la seconde suivant, le choix Juste. S'engager envers Dieu et ne pas le renier.

Vivre en Vérité ne signifie pas se transformer en moine sans émotion, pur, planant, et constamment sattvique pour ceux qui ont des notions d'Ayurveda. Un être qui s'entête dans ses convictions et ne se remet pas en question, attaché à ses œillères, bien au contraire. C'est le Divin qu'il ne remet pas en question. C'est sa force de dévotion et de service, qu'il doit maintenir en Grande conviction.

Lorsque Krishna révèle sa forme à Arjuna, dans la Bhagavad Gita, lorsque Dieu, en d'autres termes, révèle sa nature réelle, il ne montre pas seulement des arc-en-ciels, de la lumière et des petits oiseaux. Il montre l'entièreté de l'existence, avec ses guerres, ses massacres, ses facettes monstrueuses, ses ravages, ses démons, ses ombres. Il montre toutes ses facettes à travers le prisme de la manifestation.

La conscience englobe tout et dès lors, les concepts de renoncement et d'illusion prennent un autre sens.

Maât.

Vivre en Maât, maintenir cette harmonie, ce feu divin, fait de chaque pensée, chaque parole, chaque geste, une Vérité. C'est le fameux « En vérité, en vérité je vous le dis ». C'est les mantras tels qui sont compris à l'origine, pas juste de simples mots répétés en méditation, mais cela sera exploré une autre fois.

Donc.

L'invitation, ici, est de retourner à un monde Maâtriarcal, au service du Divin.

De vivre votre quotidien de manière Maâtriarcale.

Cela implique de se demander, avant chaque action, chaque pensée : “Qui est mon Maître : le Divin, on la personnalité ?” La personnalité, c’est l’équivalent d’un enfant de 4 ans tyrannique. Le Divin, c’est votre Vraie Nature. Quel choix faisons-nous ? Et quel qu’il soit, le faire en Vérité, sans se juger, mais sans se mentir.

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